Le fameux manteau rouge (version 2)

Elle voulait absolument un « bomber » comme toutes ses copines et pas n’importe lequel, « de la marque ! » parce que dans le collège privé où nous les avions inscrits, elle et son frère, depuis la rentrée ; c’était le duffle-coat bleu marine ou ,  pour les plus « in »: le bomber.

Elle n’aimait pas du tout ce collège et nous non plus. Lorsque je la récupérais à la descente du train de Vernon, elle avait la mine boudeuse derrière ses cheveux longs qui lui dégoulinaient devant le visage. Il faut dire que j’avais fait fort en persuadant leur père athée convaincu à la limite du « bouffeur de curés », de les mettre tous les deux dans un établissement religieux où ils seraient plus encadrés, ou l’enseignement serait plus rigoureux avec des horaires fixes, etc…. Mes copines de l’époque, presque toutes dans l’enseignement laïque, y mettaient leurs rejetons, c’est dire !!!

Et puis, c’était une « ado », pas difficile mais têtue et pugnace.

Un bomber, sinon rien.

Ma petite idée fut qu’en allant à Paris toutes les deux, aux Galeries, au Printemps, elle aurait beaucoup plus de choix qu’ici où ces « foutus bombers » envahissaient toutes les vitrines. Un petit resto ensuite, pour lui faire plaisir je n’étais pas contre le fait d’ingurgiter un infâme sandwich-grec dont la sauce au yaourt me dégouline sur le pantalon invariablement. Beurk !

Rayon vêtements jeunes : elle se rue immédiatement vers des « trucs » gonflés, irisés bleu-vert, noirs,  courts. La vendeuse reniflant l’affaire lui fait essayer : « il vous va très bien ! n’est-ce pas madame ? c’est la mode. » La garce.

Et que je te fais des tours devant la glace guettant mon regard. Elle a vite compris que ce n’était pas gagné : avec ses longues jambes et ses boudins matelassés en haut, elle ressemblait au « bonhomme Michelin » dont les pneus du bas auraient dégonflés d’un coup. J’étais atterrée ; certaine que le « grec » me resterait sur l’estomac, alors ce fut NON ! entre temps, pendant qu’elle virevoltait, je l’ai attirée vers d’autres modèles et là, instant de grâce, elle a bloqué devant un superbe manteau rouge, confortable, élégant, sport et raffiné avec col et revers en velours côtelé…. son style !

Pour la suite, ma fille le raconte mieux que moi sur son blog

Cela m’amuse beaucoup d’évoquer ce souvenir commun, c’est un peu comme lorsque nous échangions nos impressions et sentiments dans notre « cahier-navette » alors qu’elle avait le même âge et qu’il était un peu difficile de nous parler directement.


3 réflexions sur “Le fameux manteau rouge (version 2)

  1. Géniale cette double lecture de l’histoire du manteau rouge, j’adore !! Et c’est drôle, j’ai justement évoqué ce souvenir de « cahier navette » avec un de mes collègues encordés tout à l’heure… On est vraiment connectées ma Mum 😉

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